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Demon Pond

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les avis de Cinemasie

1 critiques: 1/5

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3 critiques: 3.42/5

visiteurnote
Samehada 3.5
Pikul 3.25
Bastian Meiresonne 3.5


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Coup de théâtre

Entre un gros budget commercial ("Great Yokai War", jadis annoncé pour une sortie ciné française estivale et dormant depuis dans les tiroirs d'un gros éditeur français), un travail de commande pour la télé ("Ultraman Max") et un coup d'éclat à la télévision américaine (son épisode "La maison des sévices" au sein de la série "Masters of Horror – saison 1" sera purement et simplement interdit de diffusion), Miike se tourne une nouvelle fois vers un autre de ses passe-temps favoris: la mise en scène au théâtre.
Il s'empare cette fois d'une célèbre nouvelle du romancier Kyoka Izumi (1873-1939), qui s'est inspiré du magnifique décor naturel des environs du lac Yashaga (aux confins de la ville de Fukui) pour imaginer une autre histoire d'amour tragique de deux amants sous le joug d'une divinité céleste. Une légende maintes fois adaptée sur les planches, mais également au cinéma avec – notamment – la version de 1979 par Shinoda Masahiro.
 
Contrairement à ses frasques habituelles, Miike décide de privilégier le fond au détriment de la forme en dépouillant le décor au maximum (deux fronts de bâtisse et une étrange rivière tracée à la craie) pour faire appel à l'imagination des spectateurs, emportée par le seul poids du texte extrêmement imagé de l'auteur. Le casting, composé de la crème de la crème de la jeune génération d'acteurs nippons, fait d'ailleurs parfaitement honneur, en prononçant les mots avec force de conviction et d'un naturel confondant, si bien que la pièce de près de deux heures reste passionnante de bout en bout.
 
La jeunesse du casting et la sobriété de la mise en scène tranche également avec l'habituelle mise en scène kabuki plus détonante et donne à voir le spectacle sous un jour nouveau. Miike n'en oublie pas moins de rendre régulièrement hommage à un théâtre Nô et kabuki plus classique à travers des séquences et des personnages typiques de ces formes plus ancestrales.
C'est d'ailleurs à cela, que l'on reconnaît le coup de patte si unique de ce véritable auteur: une nouvelle fois, Miike bascule des codes profondément ancrés de sa culture (comme il l'a déjà fait si souvent avec la folle énergie de sa mise en scène, tout el contraire de l'habituelle mise en scène plan-plan du cinéma japonais) tout en ne reniant aucunement les origines. L'histoire de Yamazawa ET de Hagiwara, étrangers dans un lieu inconnu pour eux et où ils devront se plier une nouvelle fois aux coutumes locales rappelle la plupart des personnages principaux de l'œuvre entière de Miike.
 
La mise en scène nécessite quelques minutes d'accoutumance. Captée à l'aide d'un bon nombre de caméras, malgré une représentation théâtrale apparemment publique (pourtant jamais l'audience ne sera montrée), le sur-découpage un brin trop fébrile et inutile du début laisse finalement place à un rythme plus posé, qui privilégie – et c'est tant mieux – les très gros plans pour pouvoir guetter les expressions faciales des différents acteurs.
 
Miike ne peut également s'empêcher de saupoudrer la mise en scène d'une légère touche surréaliste bienvenue bien à lui, comme Hagiwara, qui prend tout d'un coup des poses exagérément appuyés, des amitiés masculines allant parfois au-delà de la simple hétérosexualité (notamment le bisou très ambigu échangé entre le crabe et la carpe) ou encore cette curieuse remarque d'un acteur à l'autre, qui lui reproche de s'être trop fardé le visage.
 
ATTENTION: il ne s'agit absolument pas d'un film, mais bel et bien d'une pièce de théâtre filmée avec toutes les contraintes et limites (lieu unique, jeu appuyé, mise en scène minimaliste…) que cela inclut; il n'empêche que l'histoire est suffisamment originale et le spectacle suffisamment enlevé pour tenir en haleine même les plus réfractaires. Quant aux aficionados du réalisateur, "Demon Pond" est quasiment un "must-see" pour se convaincre du multi-talent du bonhomme et – surtout – de sa véritable sensibilité d'homme et d'artiste déjà perceptible dans ses œuvres plus "intimistes" (notamment "Big Bang Love Juvenile", le seul film où il avait carte blanche pour tourner ce qu'il voulait).


08 mai 2009
par Bastian Meiresonne


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